Marco Siffredi (1979-2002)
Un snowboarder de talent et un alpiniste d’exception.
Biographie
Le jeune snowboardeur de l’extrême,Marco Siffredia disparu le 8 septembre 2002.
En quête perpétuelle de nouvelles sensations,Marcoaccumulait les exploits du haut de son snowboard avec humilité.
Rentrant dans l’histoire en descendant le couloir Norton de Everest au printemps 2001, ce chamoniard de 23 ans rentre désormais dans nos mémoires depuis sa disparition dans le couloir Hornbein le 8 septembre 2002.
A son actif, on dénombre plusieurs excursions dont l’Aiguille verte (4122 mètres - Chamonix), le Cordier, le Nant Blanc, le Couturier, Le Tacul, une descente de 6000m dans l’Himalaya…
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En 1999, il découvre l’Himalaya, et descend en snowboard deux sommets de plus de 8.000 mètres. Puis, il découvre une réel passion pour l’Everest, en collectionnant les photos et les cartes.
Une admiration qui le conduira à s’engager sur le toit du monde en 2001.
En effet, a vingt-deux ans, il réalise une première mondiale en descendant en snowboard la face Nord de l’Everest, à savoir le couloir Norton. Alors que Davo Karnicar, premier homme ayant descendu l’Everest à ski en 2000 (face sud) déclarait qu’il ne connaissait personne capable de descendre la face nord de l’Everest de façon continue car les couloirs sont trop difficiles et trop rarement dans de bonnes conditions…
Et pourtant,Marco Siffredia réussi cet exploit peu après dans le couloir Norton en 2001. Il a descendu d’une seule traite ce couloir, long de 2 448 mètres, jusqu’au camp de base avancé, situé à 6 400 mètres d’altitude. Une descente réalisée en 2h30, non sans mal avec en cours de route la casse d’une fixation auquel il du faire face.
Derrière lui,Marcoa laissé une trace indélébile que le monde de la glisse n’est pas prêt d’oublier…
Un milieu meurtri par le départ du plus grand rider extrême que le monde ait connu! On ne peut que penser à sa famille, et ses amis…
Palmarès**
une belle brochette de descentes en snow.
- Tour Ronde, couloir Gervasutti (350 m à 45°, 50°) en 1997
- Couloir du col du Diable au Tacul (550 m à 45°, 50°) en 1997
- Aiguille du Midi : couloir de la Passerelle (1000 m à 45°, 50°)
- Aiguille du Midi : couloir Eugster (1200 m à 50°, 55°)
- Aiguille du Midi : voie Mallory-Porter (1200 à 55°, 60°)
- Petite Aiguille Verte : couloir Chevalier (350 m à 50°, 55°)
- Petite Aiguille Verte : face Nord (150 m à 45°, 50°)
- Les Courtes : pente Nord-Est (600 m à 50°)
- Aiguille d’Argentière : couloir en Y (450 m à 45°, 50°)
- Col du Tacul, glacier du Capucin (300 m à 50°)
- Mont Blanc, corridor de la Brenva (2500 m à 45°)
- Mont Blanc du Tacul, face Nord intégrale (1ère descente en snowboard - 2000 m à 40°, 45°)
- Mont Blanc du Tacul, couloir Jager (600 m à 50°, 55°)
- Mont Blanc du Tacul, voie Contamine Negri (450 m à 45°, 50°)
- Col du Plan, face Nord (1200 m à 50°, 55°)
- Mont Maudit, face Nord (400 m à 45°, 50°)
- Chardonnet, face Nord (1ère descente en snowboard - 600 m à 50°, 55°)
- Mont Blanc du Tacul, voie Contamine-Mazeaud (350 m à 50°, 55°)
- Mont Blanc du tacul, couloir Gervasutti (700 m à 45°, 55°)
- Couloir Ouest des Aiguillettes du tacul (1ère descente en snowboard, 500 m à 45°, 55°)
- Couloir Ouest du Col du Diable (1ère descente en snowboard, 550 m à 45°, 55°)
- Couloir Ouest de la brèche du Cardinal (450 m à 50°, 55°)
- Couloir de la brèche Moine-Evêque (550 m à 50°, 55°)
- Les courtes, couloir Sud (700 m à 45°, 55°)
- Tocllaraju (6034 m), arête Sud (1ère ascension et 1ère descente, 1000 m à 45°, 60°)
- Ascension de l’Alpamayo (5937 m)
- Ascension du Huaynapotosi (6090 m)
- Aiguille de l’Epena (3421 m), couloir Sud-Ouest (1ère descente, 450 m à 50°), en 1999
- Mont Maudit, face Sud, voie diagonale (1ère descente en snowboard, 700 m à 50°, 55°)
- Mont Blanc du Tacul, face Est, couloir de l’Isolée (1ère descente en snowboard, 600 m à 50°, 55°)
- Aiguille Verte, versant du Nant Blanc (1ère descente en snowboard, 1000 m à 50°, 55°, 60°) en 1999
Interviewé à Kathmandu, il livre ses premières impressions.
Le 23 mai dernier apparait la silhouette de Marco, face nord (côté Tibétain), sur l’arête sommitale de l’Everest… Il est parti du Camp IV a 2h00 avec 3 bouteilles d’oxygène.
Il est 6h00, Marco est seul sur le toit du monde.
Pendant 30 minutes il va rester seul à 8848 metres, « le pied » comme disait Jean Affanasief, le premier francais à se tenir au même endroit, c’était en 1979 .
'Mon plus beau souvenir. 30 minutes tout seul au sommet avec le lever du soleil. J’les ai tous mystifié à la montée avec 3 litres (une bouteille). L’oxygène c’est top power".
Pendant 1 heure et demi, Marco va attendre Lobsang Sherpa qui monte sa board.
« Si je dois remercier quelqu’un c’est Lobsang, un mec en or ».
30 minutes plus tard, Marco a chaussé et s’est équipé pour la descente. Il donne une de ses bouteilles d’oxygène à Evelyn, la première suisse à réaliser l’ascension, puis attaque la descente avec sa derniere bouteille. Mais sa respiration est trop irrégulière et il doit renoncer à utiliser l’oxygène.
« Pour la descente c’est impossible avec le système que j’utilisais, sinon tu vois pas ou tu descends. Pour utiliser l’oxygène, il faut avoir une respiration régulière, alors en descendant, t’oublies. »
Il est 8h00, Marco s’élance.
« Le drop dans la face nord, c’est d’abord l’arête sur 50 mètres et après, tu balances. »
Marco attaque les virages les plus hauts jamais réalisés en snow. Tout se passe bien, Marco entre dans l’histoire de l’alpinisme. Et puis, à 8700 mètres, la guigne.
« J’ai pété une sangle de fixation sur mon pied avant. Sur trois sangles, c’est évidemment celle du milieu, la plus importante, qui a laché. En plus je n’avais pas de laserman avec moi (accessoire genre couteau suisse en plus gros). J’étais à 8700, j’avais fait 150 mètres. J’étais un peu vert. Heureusement, mon sherpa était encore au dessus de moi. Il est venu m’aider et, avec son laserman, on a pu détacher la sangle du haut pour remplacer celle du milieu. »
Marco repart après quelques minutes. La partie à venir est plus délicate.
« A 8700 ça attaque les parties sérieuses. Tu traverses au milieu des cailloux. J’en ai surfé un peu (rires) et puis après tu atteinds le couloir. C’est un couloir de 1700 mètres qui débouche à 7000. De 8700 à 8300 c’est assez raide pour l’altitude, c’est du 45-50. Après de 8300 à 7000 c’est du 40-45, mais si tu pars, tu t’arrêtes pas. Il y a une barre à 8300 où j’aurais du poser un rappel mais j’ai décidé de tenter et c’est passé. J’ai fait un petit holy d’un mètre et tac, lorsque je tombe dans le couloir, je déclenche une petite plaque à vent. J’ai fini la barre dans la coulée sur 30 mètres. J’étais un peu sur le cul ( front side) mais j’ai réussi à m’arrêter et je l’ai passé. J’ai perdu un piolet dans l’histoire et là, t’es pas à 4000, j’avais pas le courage de remonter. J’ai pris une broche à glace pour le remplacer et je suis reparti. »
« Après, de 8300 à 7000 c’est un grand couloir avant la traversée pour rejoindre le col nord. J’ai marché 50 mètres pour remonter jusqu’au col (7000 mètres) et après direct jusqu’au Camp de Base Avance à 6400 mètres. Ben ouais, c’est ca mon pote, avec un snow tu le redescends dans la journée l’Everest! »
Dans le bar situe dans le quartier de Tammel, en plein coeur de Kathmandu, les bieres s’accumulent sur la table. Les népalais veulent abréger les conversations car des bandes de jeunes circulent à moto pour faire respecter les 5 jours de deuil national déclarés en l’honneur du roi assassiné vendredi dernier. Le Népal est en crise et les grimpeurs sont inquiets. Mais Marco ne peut penser à ce genre de conneries humaines, c’est trop tôt. Il l’a fait, lui, le ptit gars de Chamonix."
« Je suis bien content. Content de rentrer a la maison. Well done! »
par : Antoine
De son livre :
La biographie de Marco Siffredi est bien plus que l’histoire intense et trop courte d’un jeune surfeur doué, né au pied du Mont-Blanc.
Cet enfant-terrible, devenu alpiniste et himalayiste, « juste pour le plaisir de descendre » n’a renoncé à aucun de ses rêves.
Il a défié la « gravité », de la physique et des hommes avec la même grâce, fait passer sur le monde de la montagne un grand coup d’air frais.
Il restera l’emblème d’une génération.
« Je m’apprêtais à rencontrer un fumeur de pétard et je vais découvrir un alpiniste… » s’étonne Jacques-Marie Bourget, journaliste à Match.
« Ce fut l’un des moments les plus ahurissants de mon existence » poursuit-il, frappé par la pureté du personnage qui vient de réaliser un exploit incroyable, sans arrière pensée : la descente du Nant Blanc en surf, 1000 m pour une pente moyenne de 55 degrés, avec des passages à 60, des goulottes, des barres rocheuses… Une démarche d’artiste dénuée d’arrogance, d’intérêt mercantile. « Impossible d’oublier que ce gamin joue sa vie, comme il jouait à cache-cache avec la sérénité apparente d’un pêcheur à la ligne… »
La vie de Marco Siffredi est une parabole moderne de la « fureur de vivre », propre à une génération : surfeurs, free-rideurs, skates… qui ne renonce à aucun de ses rêves.
À vingt trois ans, ce personnage magnifique, dessine deux élégantes courbes au sommet de l’Everest.
Puis, il disparaît.
Reportage**
Tv Mountain Surf Extrême, avec Marco
Bibliographie
-Dernier Everest, un hommage au Prince de la Glisse. Aux éditions Press Time.
**-La trace de l’ange:D’Antoine Chandellier. Aux éditions Guérin.
Une biographie touchante qui retrace la vie de Marco.
-Marco, étoile filante, Aux éditions Guérin
« Dans un pur style mêlant l’extrême et l’ivresse jubilatoire, Marco hors norme, impose son « ride » entre glisse et alpinisme. »
Pour tous les gens qui ont aimé Marco et qui veulent vivre et revivre son aventure
le dvd est disponible (cf ici).
« La nature nous a donné la vie et tout le monde à envie d’oublier qu’elle la récupère un jour. Toutes ces tristes disparitions nous rappellent que la montagne est la plus belle mais aussi la plus forte… »