[Plan foireux] Grand Veymont depuis Gresse...

En principe ce week-end, il n’y avait pas de sortie club.
Pourtant samedi midi, le ministère du temps libre consulte ses mails et me demande:
"tu veux faire la sortie club demain?

  • quoi, mais il n’y a rien de prévu normalement?!
  • oui mais là y’a un mail du président qui dit que finalement il irait bien voir du côté du grand Veymont.
  • bon OK, passe moi ton téléphone, je réponds que j’y vais."

Voilà ça c’est fait, me voilà inscrit pour une sortie sans trop savoir où on va ni dans quelles conditions. Le lien sur le mail pointe sur un topo de rando d’été.
Comme on me la fait pas à moi, je jetes un oeil quand même sur un site de topos de ski de rando. Ca s’annonce assez corsé: plusieurs possibilités, mais la plus simple cote 3.3.
Bon, on verra bien, au pire le pas de la ville par lequel passent presque tous les itinéraires dont celui d’été mentionné par le prez cote 2.2. Là je regarde quand même les webcams. Mouais, bof, il est finalement pas tombé grand chose en bas à Gresse. Mais la nivose du Gua (1700m) est à un bon 30cm. Vu les webcams, doit y avoir moyen que ce soit descendable dans la combe sous le pas.
Pas de quoi prendre le risque de monter le split, mais j’ai déjà porté une board sur 1000m de déniv pour bien moins que 200m de bonne glisse, alors je prépare le matos planchados. Et puis bon, en tant que ministre officieux des plans foireux et autres coups de poker météo, je peux difficilement expliquer au prez que j’y crois moyen.

Voilà donc comment nous nous retrouvons au point de covoiturage, à 8 dimanche matin.
Le prez a pris ses ski, Aurel a pris ses skis, mais pas les autres, ce qui fait 5 personnes sensées dans le groupe.

Arrivés à Gresse un peu avant 9h30, nous avons en live la confirmation des webcams d’hier: c’est pas en bas que l’on va rider.
Perso, je décide de quand même monter la board. Aurel me suit en décrétant qu’au pire, ça fait pas de mal pour entretenir la condition physique de porter un gros sac.
Le prez lui a une démarche quelque peu originale: il laisse les skis dans la voiture, mais vu qu’il est en chaussure de trail pas imperméables, il monte quand même les chaussures de ski pour quand on devra marcher dans la neige.
Bon, pourquoi pas, il sait ce qu’il fait après tout.

Donc on monte. Ca papotte un peu, mais l’air de rien ça avance pas mal. A la première petite pause flotte, nous avons parcourru 360m de déniv’ en 47min. L’entrainement de cet automne a peut-être porté ses fruits, parce que je me rappelle pas avoir déjà tenu ce rythme en début de saison, et encore moins en portant une board et des raquettes sur le sac. Oui parce que les raquettes, pour l’instant elles ont pas beaucoup servi.
Mais là vers 1600, ça semble passer en peau, donc Aurel chausse, et du coup moi aussi. La suite de la montée jusqu’au pas de la ville est assez cool et on en profite pour repérer les traces possibles de descente. Va falloir bien viser quand même, mais je crois avoir trouvé une solution assez cool.
Au pas de la ville, il est temps de jeter un oeil à la suite de l’iti. Pas ridable, ça c’est sûr. On monte quand même vers la crête qui grimpe vers le Grand Veymont.
Au premier passage de crête, il y a du vent. Beaucoup. J’avance quand même assez péniblement. Les raquètes deviennent un handicap. Je décide donc de les enlever, en faisant gaffe quand même car si le sentier n’est pas très difficile techniquement et reste suffisamment large, ça glisse un peu avec la neige, et dessous y’a un peu 100m de vide. Je remets le sac et là… grosse rafale. Avec la board sur le sac, pas moyen de tenir droit. Je me plaque au rocher pour laisser passer la rafale, et prend quasi instantanément la décision de renoncer à aller plus haut.
Philippe est revenu aux nouvelles. Les autres ont déjà rebasculé de l’autre côté de la crête. Ils pensent avoir fait le plus dur. Moi je sais que même si je peux passer en faisant gaffe, ce sera tendu, et j’ai peur du retour, avec le risque que le vent se renforce entre temps. Du coup j’annonce à Philippe que je redescend au pas de la ville, que j’ai encore une polaire dans le sac et au pire une couverture de survie donc que je dois pouvoir me mettre à l’abris du vent et les attendre là, d’autant qu’il y aura forcément un point de leur parcours où ils me verront leur faire signe que tout va bien. C’est parti en ce qui me concerne pour la redescente au pas de la ville.
Hallucinant: en 20 minutes à peine, nos traces sont déjà recouvertes, ce qui ne fait que me conforter dans ma décision.
Arrivée sans encombre au pas, je commence par m’installer un coin sympa et à l’abris du vent glacial, pose de board retournée pour avoir un banc sec, enfilage de la couche thermique supplémentaire, fermeture des aérations… Je suis pas mal installé.
Bon, faut patienter maintenant. Là je décide faire une ou deux photos et de manger un bout. Pas moyen de défaire les emballages avec les gants. Le temps de manger, j’ai froid aux doigts.
Remettage de gants. Après 5 min, j’ai toujours froid aux doigts, et je commence même à trembler. Bon, va falloir bouger un peu, ou creuser un vrai abris (pas assez de neige) ou sortir la couverture de survie (pas envie de la déplier et de galérer ensuite pour la replier nikel dans son emballage), ou redescendre pour de vrai (on avait évoqué cette possibilité avec Philippe, mais je préfère pas). Donc on va bouger.
Quitte à bouger, je me dis qu’autant chausser et aller jeter un oeil à l’entrée de la combe Ouest qui a l’air fort joli. Après tout, j’ai monté la board jusque là, alors autant en profiter.
Après deux petits virage qui font déjà plaisir vu que ce sont les premiers depuis le mois d’avril, j’ai une bonne vue sur la suite.
Le risque d’avalanche doit être à 2 maxi à cette altitude vu le peu de neige. Pourtant, je suis sans assistance immédiate vu que les autres sont à plus de 20min de marche à peu près et même pas en contact visuel, la dernière couche est tombée très ventée, et le centre de la combe est à plus de 30°. J’exclus donc cette possibilité. En revanche, je découvre une trace possible, stabilisée par des rochers. La bande ridable n’est pas large, mais c’est suffisant, et ça permet aussi de remonter par une zone saine et suffisamment peu enneigée pour se passer des raquettes. Donc go.
50m de déniv qui font bien plaiz. Sur la fin de la remontée, je vois un groupe descendre. Pas le miens. Tant pis je les attends. Ils décident de faire leur pause bouffe dans mon camp de base, on échange quelques mots, c’est bien sympa. Ils m’informent aussi qu’ils estiment avoir à peu près 45 minutes d’avance sur les potes.
Du coup quand ils décendents, je me remets une petite descente du début de la combe Ouest, histoire de rester à température, et aussi de rentabiliser la montée de board.
En montant, j’apperçois un couple qui vient de la combe Ouest. Renseignement pris, ils viennent de Corrençon et avaient dans l’idée de faire le Grand Veymont, mais vont faire demi-tour vu le timing.
C’est à ce moment là que je commence à voir un autre couple descendre du Veymont, en galérant plutôt beaucoup. Je crois reconnaitre Philippe et sa femme. Petit stress: mais où sont les autres?
En fait, la femme de Philippe a eu un coup de moins bien physique et moral et ils ont renoncé pas très loin du sommet. Je regrette de moins en moins mon bachage moi.
Ca y est, les autres sont dans la descente. On décide que vu les températures, on sera aussi bien en bas pour manger. Go donc dans la combe Est du Pas de la Ville.
Mon repérage pendant la montée s’est avéré fructueux: en finassant un peu au début par une langue de neige qui longe plus ou moins le pied des falaises, j’arrives à gagner le sommet d’un grand champ herbeux, puis une succession de petits vallons dont le centre est suffisamment enneigé. Du coup ça glisse bien jusqu’à 1600m d’altitude, sur 15cm de poudre posée soit sur de l’herbe, soit sur une sous-couche bien dure et lisse, sans touchette.
Bonheur éphémère, mais bonheur quand même.
Plus qu’à redescendre à la voiture où le traditionnel pic-nic partagé du club nous attends.

Au final, il y avait certainement mieux à faire côté snowboard ce dimanche, mais qu’est-ce que ça fait du bien de sortir en montagne et de rechausser la planche!

Quelques photos:

Au départ:

Spot pour chausser les raquettes:

La vue:

Alors là tu vois, tu passes là, puis là, puis là, tu évites les rochers que tu vois là et paff, tu arrive au sommet de CE vallon qui va bien:

Combe Ouest du pas de la ville:

Le haut de l’iti de descente face Nord-Est. Ca vient de la droite de la photo, longe les falaises, et puis le champ enneigé et quelques petits vallons jusqu’ici:

Et la suite par la droite puis le vallon principal, puis encore à droite jusqu’aux arbres où il faudra déchausser:

Beau petit recit, meme si les conditions n’etaient pas forcement optimum

Jolie aventure polaire ! Comme quoi on est jamais à l’abri des caprices climatiques.
Merci pour ce récit

Tiens du coup, j’ai aussi fait le topo

Une mise en jambe et comme on dit : "Renoncer c’est aussi avancer " , par contre +360m en 47 min c’est pas mal, perso il y-a 2 semaines (en reconnaissance) j’ai mis 1h10 pour du + 400m avec une pente de 30-40% en moyenne (quelques passages limite à quatre-pattes) dans 15-20cm de neige en chaussures de rando avec une visibilité < 50m et pourtant, je me suis pas mis dans le rouge certes mais je ne me suis pas endormis sur les bâtons .

Voui, pour la vitesse, j’en étais le premier surpris. Je vais essayer de maintenir l’entrainement bi-hebdo pendant l’hiver: une en semaine en course à pied à la frontale + une le week-end (soit rando, soit course à pied - le snow avec remonté méca ne compte pas).
Pour le « renoncer c’est avancer », je considère que j’ai appris plein de trucs positifs sur cette sortie.
Déjà savoir renoncer, c’est pas forcément simple, surtout avec un groupe qui lui veut continuer. Et franchement, tant qu’on l’a pas vécu une fois, on peut pas savoir comment on va réagir. Alors oui, j’ai renoncé alors que ça passait peut-être. Mais j’ai quand même profité de la sortie et pour le sommet, j’y retournerai dans de meilleures conditions. Ensuite savoir se replier en sécurité sans paniquer, organiser un coin d’attente en conditions pas évidentes… je suis content d’avoir gardé la tête froide et pu gérer ça. Expérience utile pour la suite: la réalisation aussi que la tenue qui va bien pour un mode actif ne convient pas en cas de pépin. J’ai pu m’en sortir sans la couverture de survie parce que les lieux et la forme physique me permettais de bouger, mais c’est clair qu’en cas de problème et d’obligation de rester immobile, il faut de quoi ne pas se refroidir. Du coup, la couv’, je l’ai même pas sortie du sac en rentrant. Je la considère même maintenant comme plus importante que le trio APS: si tu as besoin de l’APS, tu auras forcément aussi besoin de la couverture, et même si tu n’as pas besoin de te servir de l’APS, il y a plein de situations où la couverture pourrait être utile (une simple blessure, se perdre, une tempête qui rend les conditions suffisamment impraticables pour t’obliger à rester longtemps au même endroit…). En bonus, c’est léger et ça prend pas de place. Presque tenté d’en acheter une deuxième tiens (et en plus ça coûte que dalle).

Patience il y a une livraison de neige cette semaine

Tres bon « report » Toujours un plaisir de te lire …
(Les jours de pluie… ) J’deconne…
*Avec « Jimkazamazdroneuraventure »(aussi tres bon!!!) vous devriez vous associez pour un Blog tip top!!!