Ça se défend ☺️
Par contre l'intérêt de rider en positif avec un stance plus etroit est important dans la philosophie snowsurf car cela permet d'être plus dynamique dans les mouvements verticaux et aussi d'avoir une position finalement similaire au surf d'eau pour reproduire certaines manœuvres. Mais bon chacun fait comme il veut hein ! ��
Justement, je ne partage pas ton avis:
Pour le surf, le vrai au sens ethymologique de "glisser sur une vague deferlante", il suffit de regarder une peu les top riders mondiaux pour se rendre compte que le seul point commun à tous, c'est une extrême mobilité dans les placements de pieds sur la planche, les stances utilisés en pratique variant d'une largeur d'epaule à bien plus que ce que permettrait le stance max de la pire board de jib des annees 2000 dans sa plus grande taille. Ce qui est intéressant, c'est que même si on trouve des tendance chez certains surfers à rider souvent un gros stance (Adriano de Souza par exemple) ou plus souvent un stance étroit (Joel Parkinson ou encore plus caricatural CJ Hobgood), tous deplacent leurs pieds quand la situation ou la manoeuvre qu'ils veulent faire l'exige. Ces frequents deplacements de pieds ne sont pas possibles en snowboard avec fixes, évidemment. Il est donc intéressant de regarder aussi ce qu'il se passe chez des surfers moins au point techniquement. Perso en longboard ou sur une planche tres portante et lente à reagir (j'aime pas trop mais quand ça pousse pas assez on peut pas rider grand chose d'autre), je suis plutôt stance etroit (plus étroit qu'en snow) et je profite de la stabilité de la board pour deplacer les pieds quand j'en ai besoin. Mais en shortboard y'a pas photo: se deplacer devient plus exigent techniquement et je suis plus à l'aise en gardant le pied arrière sur les derives/le tail rocker pour trouver de la maniabilité quitte à elargir le stance (plus que mon stance de snow) pour avoir la capacité de rapidement charger le centre de la planche en transférant tout le poids sur le pied avant.
En ce qui concerne le pied arrière, c'est variable d'un surfer à l'autre, mais on trouve également un peu de tout... sauf du très positif! Ca varie de légèrement negatif à légèrement positif.
Bon maintenant que le stance étroit en snow avec fixes à spoiler et boots necessite du legerement positif à l'arrière et permette un travail vertical different, on est d'accord. Tout autant qu'un stance large nécessite du négatif à l'arrière et permet un travail de la torsion et une gestion de la répartition d'appuis entre les deux pieds plus facile. Mais chacun placera le curseur où il veut en fonction de ce qu'il aime.
Apres qu'on dise que le snowsurf c'est l'utilisation de cette technique basée sur un stance etroit et des mouvements verticaux, pourquoi pas, ce n'est qu'une question de terminologie, mais faudrait enlever les references frequentes au surf (d'ailleurs également tres utilisées par Dupraz dans son discours marketing il y a 15 ans) parce que c'est un leurre. Limite ça me choque moins chez Wolle Nyvelt avec ses powder surf, même si paradoxalement l'absence de fixes et les pentes raides qu'il fréquente le conduisent à des trajectoires beaucoup plus "top to bottom" et moins dans l'esprit.
J'en viens donc à l'esprit et je me permet de traduire quelques citations de l'article de transwide:
1: "Le plus important c'est le bottom turn" - Kenichi Myachita
C'est flagrant en surf où il conditionne complètement la capacité à enchainer de manière fluide et puissante le turn suivant. C'est également un point d'attention mis en avant dans le ride de tous les gars qui se réclament de de la mouvance snowsurf. Mais c'est aussi un élément present même si peu théorisé chez tous les bons riders de transitions en terrain non préparé (Jake Blauvelt, Nico Muller, Terje Haakonsen, Arthur Longo...)
Edit: comme promis la suite:
2:"J'accorde plus d'importance à la forme du spray qu'à sa taille." - Taro Tamai
Entièrement d'accord avec lui. J'étais presque irité dans les vidéos d'il y a quelques années par les sprays déclenchés par une mise en travers de la board sans changement de trajectoire. C'est impossible en surf, et ça n'apporte pas grand chose d'autre d'un nuage de neige en snowboard. Mais je vois pas en quoi cela nécessiterait absolument un type de stance ou un type de shape particulier.
3:"Le terrain lui même est en 3 dimensions, donc rider en 3 dimensions est une façon de s'adapter au terrain. Ce n'est pas une question d'aller du point A au point B de la manière la plus courte possible, mais d'essayer de relier les points de la manière la plus fluide possible, en utilisant le terrain et la gravité pour générer autant d'énergie et de vitesse que possible pour faire certaines manoeuvres. C'est tirer le maximum du snowboard, en fait." - Taro Tamai
J'ajouterai que cette vision permet non seulement de la créativité et du plaisir, mais aussi et surtout qu'elle est particulièrement adaptée à des terrains peu engagés car moins pentus - puisqu'on se sert des reliefs et de ses appuis et pas seulement de la pente pour générer de la vitesse - et donc ça permet aussi de s'amuser en diminuant le risque avalanche, tout comme en surf une bonne maîtrise de cela permet de s'amuser même dans des vagues peu puissantes. La encore, si un shape et des réglages peuvent faciliter, il me semble que c'est applicable quand même avec une polyvalente. Et d'ailleurs, lorsque l'on regarde les top snowboarders que j'ai cités plus haut, on peut dire que leur façon d'aborder la montagne est finalement pas si éloignée de cette vision.
4:"La créativité a bien plus de valeur que d'envoyer aussi gros que possible." - Taro Tamai
Décidément je l'aime bien ce gars
5:"Je décendais juste la montagne en sachant où étaient tous les sauts, alors je pointais vers le suivant, puis le suivant, allais de A à B. Maintenant cette mentalité "A vers B" est complètement partie, et j'ai réalisé que quand tu fixe pas sur ces sauts tu es plus ouvert à la montagne dans son ensemble et il y a tout un tas d'autres reliefs qui sont tout aussi marrants à rider que ces gros sauts."' - Alex Yoder
C'est un peu caricatural du jeune qui découvre la vie, mais l'idée reste très juste. Pour moi en surf, ça correspond à tenter de faire quelque chose de sympa des sections intermédiaire et de ne pas focaliser sur la section qui tube quand la vague atteint la partie vraiment raide du banc de sable ou la belle rampe de lancement à la fin. En snowboard, ça s'appelle lire le terrain pour trouver une ligne. Il me semble bien avoir entendu parler de qualités de lecture de terrain en ce qui concerne certains des riders cités plus haut. Perso ça fait des années que c'est comme ça que je vois le snowboard dans ma pratique personnelle, même si mon niveau est à des années lumières des références citées.
6:"C'est une sorte de travail créatif, dans lequel tu places des virages inspirés du surf au bon endroit et les relies entre eux pour former une ligne plaisante qui crée une impression esthétique générale dans le backcountry, ou sur les pistes." - Nicholas Wolken
Pareil, entièrement d'accord, l'objectif me semble clairement de penser son ride en ligne globale et plus en suite de tricks ou de turns individuels.
7: "Je ne pense pas que tu devrais rider la même board tous les jours. C'est comme la musique. C'est comme tout. Que ressents-tu aujourd'hui? Tu veux rider ta twin-tip, veux t'envoyer sur des kickers, ou tu veux aller dans le backcountry?" - Chris Christenson
D'où l'importance du quiver. En partie parce que ça permet de maximiser le plaisir en fonction de ce qu'on a envie de faire ou du type de neige qu'on va rencontrer comme il le dit. J'y vois aussi l'intérêt de se forcer à penser différemment certains virages, certaines trajectoires à cause de qualités différentes de la board. Du coup comme un bon rider sait s'adapter au contexte, on aura naturellement tendance à interpréter différemment les possibilités du terrain. A la limite, varier les réglages peut aussi (mais de manière plus limitée) participer à ça.
8: "All the other boards I tried wouldn't let me draw the lines I wanted to," - Taro Tamai
Là on est plus clairement dans une justification du "pour rider comme ça, franchement les shapes standards ça me convient pas". Soit. Voir le point précédent. Mon opinion à moi que j'ai, c'est quand même que pour rider comme ça, le mieux c'est de commencer par penser comme ça (terrain 3D, lignes plutôt que liste de tricks, ...) le reste peut venir après.
9: "Le meilleurs surfeur, c'est celui qui prends le plus de plaisir" - Duke Nahanamoku
Bon d'accord, c'est pas tiré de cet article. Et s'il arrive assez souvent que cette citation soit attribuée au Duke, on n'a aucune preuve qu'elle est bien de lui. Mais elle n'en reste pas moins intéressante, et on ferait bien de se la rappeler plus souvent.
Au final, même si on observe une certaine tendance dans la mouvance snowsurf à privilégier certains shapes non standards et à adopter des réglages un peu différents, on ne peut pas nier que tout comme le carving n'est pas la propriété exclusive d'une marque de board, d'un type de réglage de fixes ou d'une communauté de rider, la vision "snowsurf" en terme de façon d'appréhender le ride n'est la propriété exclusive de personne. Etant moi-même convaincu par cette façon de voir le ride depuis bien avant qu'on cherche à faire référence au cousin marin pour la décrire et que ça revienne à la mode, je ne peux qu'encourrager les lecteurs et contributeurs de ce forum à garder les yeux ouverts pour profiter à fond des possibilités offertes par la montagne sans trop se préoccupper de savoir s'ils sont bien dans la mouvance ou pas. Comme il est intéressant de chercher à s'approprier les techniques d'extrem carving ou de bomberonline, l'utilisation de la torsion pronée par l'école américaine pour du ride glissé, ou quelques tricks de flat qui développent le contrôle de la board, il est enrichissant également de regarder ce qu'il se fait avec ces shapes, ces réglages et ce type de ride. Mais ce qui me semble primordial, c'est d'essayer d'intégrer ça à sa sauce personnelle pour s'amuser encore plus, pas d'entrer dans une énième secte.
Quelques références:
Taro Tamai est le fondateur de Gentemstick
Alex Yoder est un "early adopter" Nord Américain de Gentemstick
Nicholas Wolken est l'un des fondateurs de Korua shapes
Chris Christenson est à la base un shaper de surf mais est aussi le shaper de la Mountain surfer et de la Storm Chaser de chez Jones
Duke Kahanamoku est un champion de natation hawaïen qui a pratiquement inventé le crawl, mais c'est surtout en ce qui nous concerne le premier qui a popularisé le surf il y a une éternité.