Trou à neige à la Grande Motte
Un sacré week-end…
J’avais donc le projet d’expérimenter la technique millénaire du trou à neige, et en même temps de tester mon matos, en vue d’une prochaine expedition prévue pour decembre. Il fallait assez d’altitude pour vraiment tester et « aprécier » le trou à neige… Pour un premier essai, en solitaire, la Grande Motte me paraissait donc le sommet idéal. 3600 d’altitude, avec un glacier immense s’étendant sur presque 1000m d’altitude.
Je pars vendredi aprem de lausanne, je prends le bateau à Ouchy direction Evian.
Le port d’Ouchy…
La traversée…
Uhu matelot…
Puis vient un innombrable nombre de changements de train mitheux remplis de millitaires en weekend dans des villes que je connaissais même pas de nom, pour enfin arriver à bourg st maurice…
c’est fou ce qu’on s’enm**en attendant les trains !!
Et puis à Bourg, la trèssssssss gentille madame poca vient me chercher et zou on file à son appart où y’avat déja 9 gens, dont Yza et Ludi biiieeeeen sur. Le lendemain mat je me leve à l’aube et me prépare en faisant le moins de bruit possible à partir à l’Assaut de la Grande motte…
Je passes devant le funi, et zou je continues tout droit.
Hummmmm… que c’est beauuuuuuu :shock:
En montant je croise un mec de la station en motoneige qui m’offre ses service de remontées mais je le congédie gentillement…
Puis en guise d’entrainement je bifurque sur la droite, passer entre les rochers plutot que de suivre la piste, et arriver directement en bas du glacier… plus facile à dire qu’à faire avec un sac enooooorme sur le dos plus une board et plein d’autres trucs… Je galère donc pas mal dans les paroies où je me retrouves 3 ou 4 fois bloqué, contraint de redescendre et de remonter ailleurs, le tout en faisant gaffe de ne pas glisser…
« T’es sur que ça rejoin le glacier par là au fait ? » « ouai ouai… »
han c’est beau… la neige soufflée bien belle bien présente là oulalalaaa… (là tu pars en couilles djé…)
Et donc avec cette difficultée cherchée (résolue grâce à l’aide infinie du piolet) j’arrive complètement à la bourre au glacier… mais c’est quand même un super joli glacier … :
Là on voit le sommet de la grande motte au milieu des nuages…
Il est donc midi passé quand j’arrive au parc… le temps de mettre mes boots à la place des pompes de montagne, je fais 2 ou 3 fois les kicks puis jsuis crevé… enfin j’étais déja crevé mais bon… pas enormément de motive surtout que je vois se dresser devant moi encore un bon 600m de dénivelée…
Quelques temps plus tard je remet mon sac sur le dos et je continues l’ascencion, je me met en dehors de la piste et je longe le téléphérique par en dessous (qui a déraillé la veille pour cause de rafalle de vent…) …
Voyant clairement que je n’atteindrai pas le sommet assez tôt (il faut prévoi du temps pour creuser le trou…) je jette mon dévolue sur une rimaye de neige en hauteur… située au dessus du bloc de rocher, sur la gauche, environ 150-200m en dessous du sommet, vers 3400 à peu près, donc.
J’avais donc pensé à la crete en haut à droite mais la neige était tellement dure et le vent y soufflait tellement fort que j’ai abandonné, pour me diriger vers cette autre petite crete de neige faite par le vent, en bas à gauche cette fois, collée contre un pan de glace.
Yep yep, c’est LA qu’il faut creuser… on voit le sommet de la grande motte au fond, mais il était à moitié gelé et continuellement fouété par des raffales, je n’avais donc aucune tristesse à ne pas y etre…
Et puis c’est là qu’il faut une dose de motivation en superplus bonus… par ce qu’à ce moment là, j’étais déja à l’ombre depuis longtemps mais le soleil disparraissait lentement du paysage, et il était tellement facile de chausser mon snow, mettre le sac sur le dos et descendre tout le glacier jusqu’à val claret où l’appart de Poca m’attendai bien au chaud…
Seulement j’avais pas monté 1200m de dénivelé avec cet enorme sac sur le dos pour « rien »… pas moyen d’abandonner maintenant djé… allez on s’y met et on creuse !
J’entame…
Tout en me faisant chauffer un thé succulentissime…
Allé mon vieux, pas le temps d’admirer le paysage, faut qu’ça creuse !!
Voila qui est déja mieux…
Et là je tiens à préciser que creuser un trou d’environ 2m de profondeur et avec assez de largeur pour pouvoir au moins tourner sur sois-même, c’est pas si facile que ça en a l’air, et c’est quand même long et éreintant.
Puis les dernières lueurs du jour disparraissent dans un vacarme de silence absolu… seul quelques raffales de vent viennent troubler le calme paisible de mon « campement », au milieu d’un froid sidéral.
Rhhhaaaaaaa… voila donc pourquoi je suis monté !! on est si bien ici !!! …
la Grande Sassière…
Puis le trou est fini, j’installe le tapis de sol rudimentaire, je sors le sac de couchage que je glisse dedans et m’aprète à m’affranchir de la dernière étape qui signe le « non retour » pour la nuit : rentrer dans le trou, et le refermer de l’intérieur à l’aide de son sac. C’est je crois le moment le plus « charnière » de l’avanture, où abandonner est si simple, où tout est devant toi, et où ni le vent, ni la température ni l’altitude ni la météo ne pourraient fournir à sois-même une excuse valable pour renoncer.
L’opération n’est pas facile et il faut après s’être refagoté dans son sac le vidé de toute la neige qu’on ya fait rentré… opération difficile et crevante donc, dans le noir, sacrément sérré entre des paroies de neige.
Vers les pieds … j’avais creusé un peu trop grand pour les pieds, j’avoue, et pas assez pour le haut du corps…
Je met mes boots dans mon trou avec moi pour essayer d’éviter qu’elles ne gelent trop… en effet mes chaussures de montagnes sont déja gelée et dures comme du bois je les ai donc laissée dans mon sac, au « dehors » …
Il faut prévoir un espace entre le sac et le bord du trou, pour pouvoir réspirer…
Puis il faut essayer de dormir… réchauffer ses mains, ses pieds, et lorsqu’on sent qu’on a à peu près chaud partout, essayer de dormir…
Mais c’est vraiment dur, j’ai du attendre au moins 2h avant de tomber dans le someil pour la première fois… on a le temps de penser à tout ce qu’on veut…
Bien sur je n’avais pas de portable ni de musique ni rien pour m’occuper, ni de quoi regarder l’heure d’ailleur… Viens alors la longue attente, séré comme un rat (il ne faut pas être clostrophobe pour faire un tel bivouac, je pense…) dans ce trou, où des raffales de vent m’apportent de la neige glacée jusque dans mon sac de couchage, où l’on sait que le va passer une nuit longue de plus de 13 heures, peut-etre sans parvenir à dormir…
M’ennuyant à la folie je suis prit dans une envie de prendre des fotos dans tous les sens, pour passer le temps… soit de chanter des trucs absurdes et surement inaudibles, soit de raconter vraiment mais alors vraiment n’importe quoi…
Alors, elle est comment la vie ?
Et puis forcément je n’avais pas prévu de gourde dans mon équipement, et il est impossible de penser pouvoir allumer son réchaud dans son trou à neige, je dois donc lécher abolument tout ce qui est neigeu et qui me passe sous la langue… et puis finalement, sur le ventre, j’arrive à m’endormir, je me réveille quelques temps après, (je ne sais pas combien de temps, mais pas beaucoup…) en suffocant… « De l’air de l’air de l’air bordel de merde il me faut de l’air !! »
En essayant de ne pas s’affoler je parvient à distinguer mon sac de la noir et je recreuse avec ma main le trou servant à respirer, que le vent avait rebouché.
Puis je me met sur le dos, puis sur le ventre, puis sur le coté, puis puis puis… je dors de ci de la quelques minutes, sachant qu’il n’est peut-etre que 11 heures… c’est assez déséspérant…
Tiens bon léon… tiens bon…
Je m’adonne ensuite à des délirs sur des cotelettes d’agniau ou, pire encore, sur le danao. J’ai enregistré avec la fonction caméra des trucs que j’ai dit pendant la nuit, et je me suis rendu compte qu’en les revoyant sur mon pc de l’absurdité de mes propos…
J’ai déliré pendant bien une demi heure sur du Danao… mais c’est vrai que qu’en on y pense, c’est sublime le danao… j’aurai tué un âne pour avoir une gorgée de danao… !!
Enfin je vous passe les détails gesticulatoires de cette nuit interminable… balloté entre des rafales de neige… quand soudain, n’y croyant plus, j’aperçois une faible lueur bleutée par le trou qui me sert pour réspirer (qui s’était rebouché par 4 fois)… soulagement…
Attendre encore quelques minutes, il ne sert à rien de sortir trop tôt vu le froid qu’il fait dehors, mais il faut quand même sortir assez vite pour ne pas louper le levé de soleil !!! Allé, on pousse sur le sac pour se gégager. Et là j’ai cru être pris au piège… impossible de bouger le sac, il doit y avoir une telle masse de neige derrière, que le vent a accumulé…
Courage courage, je fini par gagner mon salut centimètres par centimètres, quand finalement l’ouverture se dégage. Il faut alors ramper de tout son corps pour s’extraire de ce qui ressemble plus à un cercueil qu’à un bivouac et tirant ses boots avec sois, les mettre avant d’avoir les pieds gelés. Faut-il encore arriver à glisser ses pieds dedans… enfin, c’est fait. Il a fait entre -20 et -25 cette nuit sans compter le vent… à midi sur le snowpark, par soleil, il faisait déja -11/-13; sans tenir compte du facteur vent.
Doigts et pieds gelés par l’opération je me met en quête d’un thé matinal… si le vent le permet…
Et puis c’est là, alors que je touille le sucre dans le thé, une lueur rose teinte les stalagtites de glaces à coté de moi : le soleil se lève; c’est gagné.
…
Ce thé… mais alors ce thé… avec au moins 8 sucres… mais ce thé !!! mais ce thééééé !!! mais ce thé !!! … inoubliable de bonheur…
Le vent continue de reigner sur le glacier… m’entourant souvent d’un panache de neige qui se glisse jusque dans mes vetements… hummm
Un levé de soleil… et tout est dit !
Et voila pour finir…
alors je rappele quelques choses basiques :
- Pas de trou à neige si peur du noir ou clostrophobe.
- Il fait largement en dessous de zéro même dans le trou, puisque mon sac de couchage a partiellement gelé…
- Il faut au moins une heure pour le creuser…
- Il faut un sursac en toile par dessus le sac de couchage autrement la survie n’est même plus assurée, la neige imiberai alors le sac et le transformerai (ainsi que vous) en glaçon géant.
- Aimer se parler à sois-même pendant des heures…
- Ne pas être dérangés par des reveils en inssufisance respiratoire…
- Aimer les crampes en tous genres et les affreux torticolis…
Et puis je refai avec difficulté mon sac, enfourche mon planchon et vers 8h environs je descen le glacier seul dans le vent qui fait des langues de neige qui lèchent la piste… piolet à la main et j’arrive après cette succulente descente vers le cabanon des perchmans du petit téléski.
Ils sont là déja et s’activent pour le mettre en marche, ils me demandent d’où je sors et m’offrent très gènéreusement des petits biscuits… qui ont l’effet sur moi d’un festin miraculé.
Et puis finalement je trouve la force de rider dans le park le reste de la journée, avec rob et olive, ainsi que manu… et je suis désolé de n’avoir pas trouvé poca et ses amies du TDC qui sont montées assez tard il faut l’avouer… Alors que le soleil reignait je me suis quand même bien fait plaisir dans le park…
Et enfin, totalement intégralement léssivé, je descents le glacier jusqu’en bas où je rejoins une piste à moitiée pleine de caillous, et atteint le val claret. Puis je déambule mon petit corps entre les immeubles pour trouver l’appart des miss, et enfin je toc à la porte, ses amis m’accueillent très gentillement, enleve mon sac et ma veste, et m’écroule sur la moquette de la chambre… puis ils me réveillent pour me signaler que je peux prendre une douche… mais une douche… qui à ce moment là, vallait tout l’or du monde. Sortant de la douche je parviens jusqu’au salon où je m’écroule une fois de plus sur la moquette… lorsque je me réveille ils sont rentrés des courses et font cuire des steaks, puis les filles arrivent et on se fait une enorme bouffe…
Finalement Rob me descent jusqu’à alberville, où je prends le dernier train pour geneve en 3 changements, où j’arrive à chopper le tout dernier train pour lausanne, vers minuit, où j’arrive 2 minutes trop tard pour chopper le metro à Rennens. Je rentre donc chez moi dans la tempete de vent, en une petite heure de marche, et atteint fialement mon lit double avec double couette : le saint graal du triprider.
Après ça, je me sens « paré » à affronter sainement une saison de trips qui s’annonce pleine d’avantures…
Et surtout, paré à aprécier la chaleur d’un bain, le confort d’un lit, le bonheur d’une boisson chaude…
Source : www.tripriders.com