Salomon Première
**Fiche planchon:
Marque: Salomon
Modèle: Premiere
Année: 2014-2015
Taille testée: 157
Shape: Splitboard 4 parties sur shape freeride directionnel avec rocker au nose, pintail d’1cm, spatule longue et progressive devant et franchement courte derrière.
Flex: Plutôt typé freeride attaquante (spatule avant assez souple, mais de la fermeté sous les pieds).
Set back: 20mm
Programme: Randonnées à gros dénivelé
Fiche rider:
Taille: 1m78
Poids: 74kg
Pointure: 42
Age: 37 ans
Pratique privilégiée: polyvalent en station(freeride, carving, sauts, flat, mais ne ride pas sur le metal), en rando préfère la forêt ludique ou les grands champs de peuf par rapport aux couloirs raides et engagés.
Attache une importance particulière à la variété des courbes.
Niveau: Pas mauvais.
Boards habituelles : Salomon Prospect 156 2008, Rossignol Storm 162 2009, Salomon Man’s Board 159 2012, Salomon Sabotage 156 2013.
Condition du test:
En raison de la nature particulière d’un splitboard, j’ai décidé de revoir un peu le format de ce test que je mettrai à jour au gré des sorties, de leurs spécificités et des conditions rencontrées.
Liste des sorties à date de mise à jour:
- sortie express de 250m de dénivelé sur piste fermée, visibilité médiocre, 30 à 40cm de poudre très humide sans sous couche.
- tour des rochers de l’Evèque (Belledonne): 900m de d+, à peu près 3.1 je crois, 30 à 40cm de poudre sur sous-couche faible avec des pièges (rochers masqués).
- Grand Manti au départ des Varvats. Peu de neige, donc seulement 450m de déniv sur le total de 900 faits sur la planche à la descente. Un peu de poudre dense en forêt espacée, puis pente très large en transfo presque parfaite.
Gardez à l’esprit que c’est mon premier split et que donc je n’ai pas de point de comparaison avec le reste de ce marché. - Plusieurs sorties à la tête d’Oreac, avec un peu toutes sortes de neiges, de la pente assez raide (environ 30° en montée, jusqu’à 40° en descente)
- un Grand Van depuis Bachat Boulloud, itinéraire très traversant avec multiples manips, en neige cartonnée/dure - évolution de réglages sur cette sortie, j’ai passé le stance à 59 en avançant le pied avant, et angles +20 -10.
**Idée préconçue:
A l’origine, je comptais acheter une Salomon Split 2 parties en 163, soit une powder snake (qui n’est plus dispo dans cette taille en 1 seul morceaux) splitée. La disponibilité de la premiere de l’an dernier à prix promo et l’aspect livré complet de chez complet (peaux, clips et système de montée comme la 2 parties, mais aussi pucks, sliders et couteaux) m’ont incité à changer d’avis.
La taille 157 me semble un bon compromis pour ce shape et flex très freeride là où la 156 en deux parties pouvait me sembler un peu juste (car plus orientée jouabilité que vraiment freeride. Ma crainte concerne plus la largeur patin (262), théoriquement trop pour moi, mais dans les différents tests que j’ai pu trouver sur le net, la seule personne qui avait noté que c’était un peu trop pour lui chaussait du 40. Donc bon, je ferai gaffe en réglant et on verra bien ce que ça donne.
**Déballage et montage:
Se reporter à ce sujet. A lire en entier, certaines remarques étant surtout liées au fait que je suis un noob du split. Les commentaires des autres contributeurs apportent une lumière intéressante sur le sujet.
**Mode ascension:
Etant donné que c’est mon premier split, il va m’etre difficile de comparer avec un 2 parties. Sachez quand même que le ski monté avec peau, plaque voilé et fixe Salomon Ballance ressort à moins de 2,6kg. Il doit être possible de réduire en étant en Spark ou en Voile Light Rail puisque l’ensemble plaque + fixe ressort à 1,1kg.
Quant à elle, la partie centrale à mettre sur le sac fait une longueur d’environ 80cm une fois désassemblée, et pèse autour de 900g. Sur le dos, on ne sent pas la partie centrale. Le dos est donc bien épargné par rapport au mode planchados.
Pour suivre une trace de skieur en poudreuse, on passe bien dans la trace de ski mais si peu de monde est passé auparavent, la largeur des fixes de snow gène quand même un peu (on embarque de la poudre ou on frotte légèrement sur le bord de la trace si elle est dure). Sur une sortie longue, malgré le poids raisonnable, les anciens raquettistes finiront par sentir le poids supérieur du split sous les pieds parce que ça tire un peu sur des muscles qui travaillent beaucoup moins en raquettes, tout en restant plus confort pour le reste. J’ai aussi fini par comprendre pourquoi Jinkazama voudrait un split plus rigide: le flex fait que sur une trace peu marquée, la pression du pied est quand même majoritairement sur le centre du ski, du coup le pied aval peut avoir tendance à légèrement écrouler la trace (beaucoup moins sensible que des raquettes cependant, mais certainement plus qu’un 2 parties plus large donc plus portant).
Dans le raide avec conversion ou les traversées expo, c’est très serein: je n’ai sorti les couteaux qu’une seule fois dans le mur d’accès à la combe des Vans (environ 35°) en neige très dure avec trace peu profonde. Je pense même que j’aurais pu passer sans, mais tout les skieurs du groupe les mettaient alors j’ai fait pareil. Je les ai enlevé dès la fin du mur, sachant que le plus dur était passé. Les couteaux apportent confort et sécurité, mais on s’en sort très bien sans dans pas mal de conditions grâce à la largeur patin raisonnable. A noter aussi par rapport aux skieurs, on peut se permettre de tracer plus raide quand la neige est bonne, parce que les peaux fournies grippent vraiment bien.
En mode traçage, il faut un peu aider la spatule à repasser au-dessus (la calle de montée aide), mais c’est vraiment agréable d’avoir le pied qui glisse et le ski qui ne s’enfonce pas vraiment quand on transfert le poids dessus (ceux qui ont fait de la raquette dans 40cm de poudre comprendrons).
Pour ce qui est des conversions, le passage du premier ski se fait vraiment aisément. Pour le deuxième il faut faire attention au réglage de la gaz pedal: si c’est trop long, ça tape et la spatule redescend très vite après être monté jusqu’à faire taper contre la gaz pedal. Réglé au plus court c’est nickel.
En portage, ça m’a pas semblé franchement plus lourd que mes boards en 1 seul morceaux. Point d’attention: penser à emmener de quoi attacher les spatules ensemble si portage en mode ski pour éviter que le tail tape dans les mollets.
**Transition:
Là aussi il y a clairement un apprentissage à faire pour optimiser. Penser à bien nettoyer la neige des crochets, des sliders et des pucks avant de tenter un montage, sinon ça n’ira pas jusqu’au bout et il faudra de toute façon redémonter pour nettoyer et recommencer (me demandez pas comment je le sais ). C’est surtout les crochets centraux et les plugs où ils viennent se caller qui posent problème en fait.
C’est quand même pas top sur une arête marquée et peu confortable. Après avoir lubrifié à la maison (WD40) les pièces où la glace risque de se loger, le nettoyage avant remontage est facilité. Il vaut encore mieux savoir où gratter et le faire correctement avant d’entreprendre l’assemblage des parties, mais ça fonctionne plutôt bien finalement.
Tant qu’on est dans les astuces: pensez à contrôler régulièrement les serrages des vis. J’ai constaté un desserrage des plaques du mode ski en milieu de sortie (j’ai resserré et tout est rentré dans l’ordre - heureusement j’avais un tournevis sur moi)
A noter également: sauf si on a réglé ses pucks sur les derniers inserts pour le pied arrière, la cale de montée en position basse s’avère génante au remontage. Il faut donc la relever. De même la goupille doit être rentrée impérativement par le côté extérieur du pied sous peine de ne pas passer entre le slider et l’embase des calles de montées. Dommage, mais pas bien grâve.
**Mode descente:
Je note une petite lourdeur au changement de carre en neige très lourde et à très basse vitesse, notamment réglé tout à l’arrière: je ne sais pas si c’est la largeur, le fait d’être surélevé d’1 bon cm par rapport à un mode de fixation normal, ou encore le pied avant trop près de la section étroite mais c’est sensible, sans être particulièrement génant, d’autant que ça rentre dans l’ordre à vitesse moyenne. Il faut juste un peu plus marquer les gestes en couloir étroit. Ca rentre dans l’ordre en se réglant sur les inserts recommandés, ce qui permet de retrouver un comportement moins agressif sur la carre et plus rapide au changement de carre.
En poudre et quand on a de la place, c’est sympa comme tout réglé tout à l’arrière. C’est un peu un juste milieu entre une Man’s board 159 (donc assez solide et nerveux mais un peu encombrant à basse vitesse) et une powder snake 156 qui ne demande qu’à tourner court au moindre appui un peu marqué sur l’arrière. La portance en poudre est assez similaire à ces deux autres boards: ça passe plutôt bien, mais ce n’est pas non suffisant pour y aller à coup de gros appuis pied avant je pense. Je manque encore de pratique avec le réglage standard, mais ça semble être un bon compromis dans la mesure où la portance - en tout cas en neige un peu dense - ne semble pas trop souffrir, et que la maniabilité en gros appui pied arrière reste de très bonne facture alors que les conduites plus glissées et la rapidité de changement de carre sont très nettement améliorées.
Dans la trafolle, ça passe pas mal du tout, avec de la sérénité et de la tolérance pour passer sans forcer d’un virage propre à un dérapage/freinage dès qu’on en a besoin, notamment en réglage recommandé, mais c’est déjà le cas en tout à l’arrière. Même constat sur chemin étroit en neige alternant entre fraiche trafolée et verglas: ce n’est pas piégeux du tout et finalement assez précis dès qu’on avance suffisamment vite (plutôt vitesse moyenne pour ce type de chemin, pas besoin d’en faire des tonne) pour que le changement de carre puisse exploiter le petit rebond du tail qui aide à oublier la largeur.
En neige damée ou dure, le réglage tout à l’arrière donne une grosse agressivité de la carre qui donne envie de carver fort. C’est plutôt marrant, mais en rando on a rarement de la damée lisse et en neige dure avec du relief (vieilles traces, marques laissées par le vent), cette aggressivité devient pénalisante. Le réglage centré donne là encore de meilleurs résultats je trouve.
J’ai tenté quelques petits sauts pour voir. Ollie bien stable et pas surprenant, mais largement suffisant sans être stratosphérique (c’est pas ce qu’on demande à un split de toute façon). Réception clean qui permet d’enchaîner direct derrière. Même en petit 180 c’est très honnête pour un shape aussi freeride: c’est suffisant pour ne pas se mettre au tas à chaque réception en switch et j’en demande pas beaucoup plus à un split.
Update: finalement, le compromis sur lequel je pense rester après plusieurs sorties test est le pied arrière reculé au maximum et le pied avant sur les inserts recommandés. Ça fait une espèce de meilleur des deux mondes pour moi entre le côté plus facile et mieux sur neige moyenne des inserts recommandés et le mix portance/maniabilité du tail du pied arrière reculé.
Conclusion:
Une board que je trouve bien adaptée à ma pratique en mode descente, même si je l’aurais préférée un poil moins large.
Les amateurs de couloirs extrêmes seront peut-être géné par le changement de carre et les amateurs de grosse portance préfèreront la taille au-dessus, mais ça me semble plutôt polyvalent avec un bon compromis variété de pilotage/facilité/performances quand on attaque. Plutôt pour riders expérimentés par contre, car ça reste un peu technique sur chemin étroit gelé avec plein de reliefs comme on en trouve parfois sur les bas de randos.
Les + :
- des skis de 90 au patin à la montée, plutôt légers en comparaison d’un split 2 parties et quasi aussi efficaces que de vrais skis dans les traversées dans pas mal de conditions de neige. Possibilité de tracer plus raide que les skieurs.
- livré complêt
- bonne board freeride polyvalente à la descente, assez ludique, mais qui permet d’envoyer de grandes courbes quand le terrain s’y prète.
Les - :
- complêt mais certainement pas prêt à rider avant d’avoir bricolé un peu
- Flex du ski et fixes standards sur kit voilé modifié n’en feront pas tout à fait un vrai ski à la montée
- demande quand même un apprentissage (conversions, savoir où traquer la neige/glace avant d’assembler en mode descente…) avant d’en profiter à fond, et des petits réglages (gaz pedal, lubrification de certaines pièces pour limiter l’adhérence de la neige/glace dessus…)
- quand même plus exigente dans le raide étroit en neige pourrie qu’une bonne polyvalente milieu de gamme.
Pour qui:
A mon sens, le profil type du rider à qui cette board s’adresse est un rider:
- d’un bon niveau technique avec un style plus freeride que freestyle mais sans tomber dans l’extrême pour autant
- qui ambitionne de sortir même en conditions de printemps sur des itinéraires assez longs
- qui n’a pas peur de devoir bricoler un peu
- qui n’est pas déjà équipé en système de fixation type plum, karakoram ou autre non compatible voilé