[TEST SPLIT] Jones Frontier 2022 + Nitro/Spark Vertical

Salut tout le monde !

J’ai craqué et j’ai changé tout mon matériel de splitboard. J’ai pour l’instant eu le temps de faire une seule sortie (D+ 780m). Les conditions étaient variables avec une faible couche de poudreuse distribuée de manière irrégulière. Je mettrai ce test à jour si j’ai d’autres observations à partager.

Le matos testé : un split Jones Frontier en 159 de 2022 avec Nitro Vertical et des pucks Spark. Les peaux sont des Jones Nomad.

En split, j’ai précédemment eu, dans l’ordre, un Poacher Renu 164 d’Atomic, puis une Mountain Twin 160w et une Hovercraft 156. Sur les Jones j’ai utilisé des Spark Blaze. Je pèse 74 kg pour 1m75.

Le programme de la Frontier est de proposer une board freeride accessible et joueuse. Sur le papier, il s’agit d’une board assez standard, directionnelle mais pas trop, pas trop ferme. Rayon de carre plus petit que la Solution.

Les Nitro Vertical sont une collaboration avec Spark R&D. L’embase (et les parties mécaniques) vient de chez Spark, les sangles et le spoiler sont de Nitro.

J’ai monté le split avec les pucks métalliques de Spark. Ces pucks rendent plutôt confortables le réglage des fixations par rapport aux pucks en plastique de Voile. Ca reste un peu compliqué puisque le choix de l’angle interagit avec le stance : jusqu’à ~9 degrés on peut utiliser un carré d’insert et au-delà il faut décaler les inserts (en avançant ou en reculant les inserts orteil ou talon). Faut prendre son temps et pas imaginer avoir le réglage parfait pour la première sortie. La lecture des angles n’est pas vraiment possible sur la graduation proposée. Prévoir un rapporteur.

Sur le terrain, à la montée d’abord, j’ai beaucoup apprécié le système T1, nouveau pour moi. Je pensais pas que c’était tellement nécessaire de mettre à jour le système à goupille mais le clapet est quand-même bien plus confortable et propre à l’usage par rapport à la goupille qui a tendance à brinquebaler. J’étais un peu méfiant d’avoir la cale sous l’embase plutôt que sur le split, mais on peut encore très bien la rentrer/sortir avec le bâton. Petit détail : j’aimais les trous dans les spoilers des Blazes qui permettaient de porter à une main les deux skis de la voiture jusqu’au départ. Les spoilers Nitro sont pleins, tant pis.

Les peaux Jones sont fabriquées par Pomoca en Suisse, ça fait plaisir d’avoir une étiquette « Made in Switzerland » pour une fois. Jones propose des peaux déjà coupées à la forme de leurs splits, c’est pratique. L’encoche et le crochet au tail du split et des peaux fonctionnent très bien pour tendre les peaux, ça fait un peu plus pro que rien du tout ou que les crochets en plastique. Rien à dire de plus, c’est le genre de matos où il faut juger à la longue.

Le split a de la magnetraction sur les carres intérieures. Combiné aux crochets Karakoram, les deux morceaux se retrouvent presque automatiquement bien aligné quand on remonte le snowboard. L’inclinaison des spoilers se règle avec une petite croix montée sur ressort qui permet de passer rapidement d’une inclinaison négative (montée) à l’inclinaison qu’on souhaite utiliser pour la descente. C’est pas parfait parfait (faut enlever les gants) mais c’est mieux que ce qu’il y avait sur la Blaze où j’avais fini par abandonner et toujours rider avec l’inclinaison négative (faut bien serrer les bottes).

Enfin, le point crucial : la descente. J’ai trouvé ce splitboard super. C’est le premier split que j’utilise où j’ai l’impression d’avoir un vrai snowboard sous les pieds à la descente et pas un compromis. L’Hovercraft était déjà sympa mais il était quand-même très pataud à faible vitesse et demandait des bonnes conditions pour s’exprimer. J’ai trouvé la prise en main de la Frontier immédiate et la conduite agréable, vive et sans prise de tête. Elle réagit rapidement et permet de bien varier le rayon des courbes. Je pense que ça répond bien au cahier des charges que je m’étais fixé, bien qu’ayant dû faire un compromis sur l’aspect « poudreuse » de la board. On verra lorsque j’aurai l’occasion de la sortir dans des plus grosses conditions.

En résumé :
++ board agréable à rider, réactive, facile à prendre en main, efficace, ludique
++ magnetraction intérieure et crochet Karakoram => bon maintien des skis ensembles
++ système T1 très pratique et bien pensé, y compris au niveau des cales de montée
++ crochets de tension des peaux
++ « vraies fixations » confortables comme en station
++ réglage des spoilers simplifiés
++ les couteaux s’emboîtent pour économiser de la place dans le sac à dos

– on ride la board marketée pour tout le monde plutôt que celle marketée pour descendre des couloirs à 100km/h
– un poil plus lourd que le kit précédent (pas mesuré)
– faut enlever les gants pour régler les spoilers

En guise de conclusion, je suis content de voir toutes ces améliorations incrémentales dans les différents aspects du splitboard. Le prix du matériel est embêtant mais ça reste des outils très spécialisé et qui se heurtent à des objectifs contradictoires (on voudrait que ça se ride comme la board de station, mais il faudrait pouvoir grimper comme un chamois ou éventuellement comme un skieur). Bon, on verra dans 5 ou 6 ans ce qu’on nous proposera.

Merci à toi pour ce premier retour😊

Merci pour ce retour. Concernant « – on ride la board marketée pour tout le monde plutôt que celle marketée pour descendre des couloirs à 100km/h », je dois dire que depuis que j’ai mis sous mes pieds une Rossignol Storm (il y a 15 ans déjà) et testé pas mal de modèles d’entrée/milieu de gamme, je ne considère plus du tout ça comme un « - ». Et je le pense encore plus depuis que j’ai un peu d’expérience en rando: globalement, dans des situations sketchy, c’est mieux d’avoir un truc facile et prévisible à basse/moyenne vitesse qu’un truc exigent et « performant » à très haute vitesse. D’autant que bon, souvent on passe un ratio proche de 1H de montée par 10 min de descente, alors c’est pas forcément la peine de précipiter la descente en allant à des vitesses qu’une board de ce niveau ne parviendrait pas à encaisser. Enfin c’est mon avis.
Sinon pour la poudreuse je suis pas inquiet pour toi. Je suis plus lourd et plus grand que toi et ma premier est en 157 (bon, elle fait 262 au patin, mais quand même). Une fois trouvé le bon compromis stance/setback, ça flotte suffisamment bien pour moi.

Je suis assez d’accord et c’est une des choses que je cherchais à corriger en changeant de split. Et c’est pas forcément pas rapport à l’exposition.

Ma remarque sur le marketing était plutôt une blague mais Jones s’est peut-être un peu piégé eux-mêmes avec avec la Frontier, qui quand elle s’appelait encore Explorer, était pas mal présentée comme board « débutant » ou « jeune » pour des gens qui commenceraient le freeride ce qui peut refroidir un peu des gens qui sont pas si mauvais et qui hésiterait à prendre une board plus facile que nécessaire - alors qu’en vrai ils ne vont jamais des tout-droits par dessus le bergshrund.

Il y a aussi de la place dans le line-up entre la Flagship et la Mountain Twin et la Frontier a l’air de bien le remplir.