Cette fois ça y est, la neige est là.
Mon club a plannifié sa deuxième sortie ski/raquettes/snow rando de la saison, et après le petit plantage d’il y a 15 jours, il faut se rattrapper.
Dans la semaine, on a bien réfléchit à l’objectif du dimanche avec Thomas. Il a retenu l’une de mes suggestions: le Tabor.
Les webcams du Baconnet (autre possibilité identifiée) vendredi avant les chutes de neige nous ont incité à écarter cet objectif (tout sec!), peut-être à tord d’un point de vue purement neigeux (le fond est de l’herbe, ça devait passer), mais c’est comme ça.
Ma visite de la veille à St Hugues Les Egaux avec ma fille m’a convaincu que la neige est tombée en quantité sur la Chartreuse, ce qui promettait pour une autre suggestion: Charman Som depuis le col de Porte par la route et détour à la descente par la Balme de l’air pour ceux équipés d’engins glissants. Mais le club préfère les itinéraires avec manip uniquement en haut, et le Charman Som c’est un peu un truc qu’on peut faire n’importe quand en hiver, avec ou sans le club.
Va pour le Tabor donc. Nous sommes 6 au point de rendez-vous: Thomas en raquette-snow, Philippe en ski de rando, Charlotte (dont s’est la première sortie raquette avec un peu de déniv’, elle va être servie pour une première), François en raquettes, Aurélien en raquettes avec skis alpins et chaussures sur le sac à dos (l’est fou lui, un ski-à-dos!), et moi même en planche à dos.
Le côté débutant de Charlotte et le ski à dos d’Aurélien me laissent espérer dans la voiture que je ne serais pour une fois pas le plus lent à la montée. Mouais, on verra ça plus tard. A part François et Philippe (qui se sont fait un trek hymalayen il y a 2 ans), je suis le plus vieux (notez comme je me cherche déjà des excuses …).
Bref, on part de La Tour en deux voitures donc, direction Saint-Honore 1500 en passant par St Georges de Commiers et La Motte d’Aveillans, car la route de Laffrey est fermée (éboulement).
Arrêt obligatoire à La Motte pour certains qui ne supportent que le pain frai du matin. L’occasion d’observer la splendide face Sud-Est de la Peyrouse, qui rentre instantannéement dans ma - de plus en plus longue - liste de courses que j’aimerais faire en bonnes conditions.
Au parking, petite déception: il a beaucoup moins neigé ici qu’en Chartreuse: 15 à 20cm seulement. Bon, on va haut, il y a des combes qui devraient piéger la neige, on verra bien.
On s’engage donc sur le chemin de montée en lacets. Premier constat: En fait c’est quand même moi le plus lent
Quand on arrive à la longue traversée vers le Lac Charlet, on peut jeter un oeil à la combe Sud-Ouest des Tibanes. Pas brillant, beaucoup de rochers apparents, ça semble vraiment tendu de redescendre par là. Tant pis, ce sera le chemin au retour aussi.
Mais on se remet bien vite de cette petite déception: d’abord, on n’est qu’à 1800, il reste donc presque 600m de déniv, et au dessus c’est du tout bon: poudre dans les combes, itinéraire qui évite adroitement les rochers…
Le jeu de combe par lequel nous fait passer cet itinéraire est tout simplement magnifique.
Je suis toujours le plus lent, et d’ailleurs, je m’écarte un peu de la trace pour laisser passer un collant-pipette qui monte comme un avion de chasse.
- Bonjour
- [Rien, pas bonjour, pas merci]
- ???
Doit considérer que je lui vole 2m de déniv’ à l’heure avec mes traces de raquettes sur la trace de ski que c’est même pas lui qui l’a faite le gars, du coup il me snobe royalement.
Un peu plus haut, je rattrappe et dépasse deux skieurs dont un qui est en galère avec une de ses peaux (note à moi-même: si je passe au split, se renseigner pour faire en sorte que ça ne m’arrive pas, ça a l’air bien chiant les galères de peaux). Du coup on discute un peu, mais quand même faut que je rattrappe mon groupe.
On arrive bientôt au col entre Oreille du loup et Tabor, non sans avoir observé au passage certaines variantes de descente dont une bien costaud (genre couloir à 45° sur 150m de déniv en 3 à 5m de large).
Reste la crête finale, plus longue qu’il n’y parait de prime abord. On croise qu’autres groupes qui descendent dont une paire de planchados (que j’aide d’ailleurs un peu parce qu’ils avaient mal attaché les bâtons), et deux splitteux équipés en phoenix 3 parties. Z’ont la foi les gars, avec le recul, c’était déjà tendu de prendre la Man’s Board qui n’est pas vraiment une board cailloux mais qui n’en est plus à un rebouchage près, mais de là à prendre un split haut de gamme fait main en Isère…
Sommet. Je m’enquiers de l’heure. En fait on a avalé (en j’ai, les autres ont mis 10 bonnes minutes de moins) les 900m de déniv en 2h45. Je suis lent par rapport à eux, mais finalement pas mécontent de moi).
vue incroyable (Vercors, Obiou, Devoluy, Coiro, Ecrins, Aiguilles d’Arves au fond, Taillefer, Belledonne, Chartreuse, une vraie belle vue à 360) et repas à côté d’un autre groupe de 8 skieurs bien sympa (dont notre galérien sur une peau qui a fini par réussir à monter en négociant sur 1 ski et un pied les passages raides pendant que son collègue portait l’autre ski) avec qui on discute un peu.
Je manque de perdre la moitié de mes phalanges margré les gants en soie. Du coup une fois qu’il n’y a plus besoin du couteau, je remets les gros gants (fait beau, mais fait froid aussi).
Bonne séance de rigolade quand Aurélien mets ses chaussures de ski.
Revoilà le collant-pipette/TGV. Un skieur de l’autre groupe lui demande: - on vous a pas déjà croisé, vous? C’est la troisième?
- [Regard noir (ça doit lui faire perdre 2s sur sa manip d’enlevage de peaux)] Non, seulement 2.
Et hop, parti le gars, droit dans la pente Ouest.
Pour la descente, on hésite un peu: suivre la crête jusqu’au col comme tout le monde ou droit dans la pente comme le collant-pipette. J’ai peur que ça nous mène vers le gros couloir. Donc longeage de crête, d’autant qu’il y a assez de place pour mettre des virages dans la bonne poudre juste en contre bas, et qu’il y a sous le col de magnifiques champs de neige bien larges et bien poudreux.
Après avoir contourné la première grosse barre, on voit les traces de descente du TGV. C’était pas le gros couloir, mais une variante plutôt abordable (à vue de nez, c’est du 3.1 ou 3.2).
Ca aurait pu être bon. Tant pis, ce sera pour la prochaine fois.
La suite de combes jusqu’au lac Charlet et même 100m au dessous est vraiment excellente. Il faut garder les yeux ouverts pour passer entre les rochers, mais ça passe, et dans une poudreuse de rêve avec encore la place de pas être géné par les traces de ceux qui sont passés avant.
Après un dernier regard sur la combe Sud Ouest des Tibannes, on reprend le chemin qui est en fait bien piégeux: sous les 5cm tassés, les caillous ne sont pas loin. J’en serais quitte pour un petit rebouchage pas bien grâve.
Arrivé en bas, il nous reste à attendre les 2 raquettistes. Du coup, on remonte 40m de déniv à pied pour se refaire une petite descente de l’ex-front de neige qui est juste fantastique avec ses 20cm de poudre posés sur de l’herbe, puis on observe les autres possibilités du secteur: Piquet de Nantes Ouest et Perollier Sud-Ouest. On jettes aussi un oeil à la barre d’immeuble quasi à l’abandon. La moitié des appart arborent un beau panneau à vendre… apparemment, la fermeture de la station il y a 15 ans n’est pas encore totalement réglée…
Arrivée des raquettistes, exercice d’Arva sur le parking, café thermos, gateau, il est temps de redescendre, non sans faire un arrêt dans une « pharmacie » pour « les produits contre les courbatures »
Petit encart historique: La Mure était déjà bien pourvue en bistro du temps où les mines de charbon étaient ouvertes. Lorsqu’elles ont fermé, la population a diminué, et certains ex-salariés des mines n’ont rien trouvé de mieux à faire que d’ouvrir leur propre bistro.
Resultat, la Mure est la commune de France avec le plus grand nombre de bistro par habitant. Ce sera donc notre destination pour le fameux produit contre les courbatures.
Nous nous arrêtons au premier café ouvert, entrons dedans… et tombons sur le groupe avec qui nous avons mangé au sommet!
Après avoir bien soigné les courbatures, nous voilà de retour vers notre Nord-Isère, avec des images plein la tête.
En ce qui me concerne, je n’hésiterai pas à utiliser les grands mots: Cette sortie est à ranger avec les plus belles que j’ai faites, en bonne place aux côté des trip freeride snow-fr, le tout finalement pas si loin et sur une sortie à la journée, et alors même qu’une partie très intéressante de l’itinéraire de descente n’était pas pratiquable (et pour avoir fait cette partie il y a 10, je sais qu’en bonnes conditions, c’est juste génial).
Je rajouterais quelques photos un peu plus tard, mais ça risque de prendre du temps, ne serait-ce que pour faire la sélection (j’ai du en prendre une trentaine tellement c’était beau, et encore à la monté vu que j’étais derrière, je me suis dit « on verra à la descente », et à la descente, c’était tellement bon que j’ai plus trop pensé à sortir l’appareil.
Oh et puis je vous ferai aussi un topo, bien sûr…
Edit: quelques photos:
Surligné en jaune plein: l’itinéraire de montée. En pointillé jaune: là où on comptait passer à la descente.
La fine équipe du club: Aurélien et Charlotte, en attendant les autres qui ont fait une pause plus bas et nous ont laissé de l’avance.
Jeu de combes: On contourne le raide un peu rocheux du premier plan par la driote, puis direction à gauche sous le couloir impressionant et les barres.
La vue vers le Nord-Est au sommet:
Début de descente: on suit la crête Nord en passant quand même un peu en dessous pour profiter de la bonne neige
Suite de la descente dans l’ordre:
Dernier regard sur la combe des tibanes (a priori pas assez de sous-couche pour descendre par là, dommage.
2 photos prises de la voiture pour se rappeler d’itinéraires potentiels: Piquet de Nantes Sud Ouest et Peyrouse Sud Est: