allez un pti peu d’histoire pour ceux qui n’ont pas suivi le match peer to peer/major.
C’est un pavé mais ça se laisse lire 
Ceux qui hurlent au scandale, ceux qui taxent le téléchargement de tuer la musique, de faire baisser les ventes des majors n’ont-ils pas tiré expérience du passé. Déjà à l’époque de l’enregistrement sur cassette, des radios libres, on nous parlait de la mort de la création artistique. A l’époque du passage vinyles – Cds les ventes s’étaient également écroulées, rapidement rattrapées par le repositionnement des majors sur les disques numériques. L’arrivée de l’informatique et de la numérisation de fichiers textes a persuadé plus d’uns, à l’époque, que l’ordinateur aller tuer le livre. Le livre papier aurait dû disparaître à jamais. Et pourtant l’industrie du livre n’a jamais été aussi florissante qu’en ce moment. L’industrie du disque, depuis la cassette, réalise d’énormes bénéfices. Les majors n’ont jamais été aussi puissantes ! Et les disques aussi chers.
La baisse des ventes des disques trouve probablement son explication dans des choix de stratégies des majors ou tout simplement dans un retard certain à se repositionner sur le marché du téléchargement. Car il est vrai que les offres de téléchargement payant des majors traînent à se mettre en place. L’industrie du disque n’a sans doute pas été assez réactive face au changement de culture de mode de communication des jeunes. Le téléchargement de fichiers est une évidence, un progrès qu’on ne peut stopper. Et aujourd’hui celui qui ne se positionne pas assez vite sur un marché ou qui n’anticipe pas assez vite est rapidement doublé par la demande. Et la demande vient du public lui-même. Le besoin de télécharger, de fonctionner ainsi, est une logique culturelle et technologique. Rendu possible grâce aux opérateurs téléphoniques le téléchargement peer to peer s’est presque créé de lui-même tellement la demande était forte. Comme pour les logiciels libres, comme pour linux face au géant Microsoft, on ne peut stopper une idée pour qui l’heure est venue. Reste à l’utiliser, à la conceptualiser. Les majors ont ainsi volontairement ou pas un retard considérable. Et bien entendu une part de marché, celle des télécoms, en moins. Se battre contre les télécoms ou contre les consommateurs… Le choix n’est pas encore clair. En tout cas les fournisseurs n’ont aucun intérêt à ternir leur image dans des procès consommateur/industrie du disque concernant leurs propres clients. Les rappels à l’ordre des fournisseurs d’accès hauts débits, comme Club Internet, envers certains de ses internautes ne feront que faire fuir les clients vers un opérateur plus attractif qui protége mieux la confidentialité de ces abonnés. La guerre semble s’installer entre opérateurs, majors et consommateurs. Les deux premiers se mettront rapidement d’accord…
Mais ce n’est pas tout, hormis leur manque de réactivité, le prix exorbitant des Cds est un frein aux ventes. La production (cf article sur le Copy Control et les commentaires associés) et la conceptualisation d’un album est de moins en moins onéreuse. Les industries, les distributions et les magasins augmentent sans cesse leurs marges… Seul le consommateur qui est de plus en plus responsable se voit contraint de payer de plus en plus cher. Et ceci c’est sans parler du Copy Control qui rend inaudible des albums sur certains lecteurs. Obligeant la plupart du temps le consommateur à copier son disque pour pouvoir l’écouter. Notons au passage qu’il reverse une taxe sur l’achat de cds pour avoir le droit de copier : le droit se transforme ici en obligation ! Ne nous étonnons pas si certains boycottent les Cds comportant le sigle Copy Control.
De plus en plus sollicités, le public, les fans, les consommateurs sont dégoûtés. Dégoûtés de toujours payer, dégoûtés devant si peu de choix musicaux via les uniques media télé et radio qui ne diffusent pas 0,001 % des créations musicales mondiales. Le consommateur a besoin de plus de choix, plus de liberté, plus d’échange. Et cela ne va pas s’arranger. La crédibilité des industriels de la musique ne baisserait-elle pas aussi vite que leurs ventes ?
Et depuis quelques jours ils s’attaquent directement au consommateur, en menaçant de représailles celui qui télécharge de la musique gratuitement. Stratégie étrange que de s’en prendre à son gagne-pain. Cela ne fait qu’accroître le sentiment de dégoût du consommateur. On ne compte plus le nombre de mails, de messages dans les forums, de retour d’expérience de personnes véritablement écoeurées par le business de la musique. La pauvreté des programmations musicales tant télé (monopolisée par la StarAc et autres dérivés commerciaux) que radio ne fait qu’augmenter la frustration et l’écoeurement des fondus de musique. Un tel comportement ne peut que nuire aux majors… à courts termes car, à longs termes, gageons que leurs offres de téléchargement payant en auront séduit plus d’uns.
Et c’est bien ce que tente l’industrie du disque actuellement : premièrement, décourager le consommateur d’utiliser le peer to peer. Par des menaces juridiques, en faisant « pression » sur les fournisseurs d’accès. Il est aussi possible de plomber les réseaux de peer to peer, en y injectant des virus ou en faisant tellement peur au personnes qui téléchargent que ceux-ci ne partagent plus leurs fichiers. Ce qui conduirait à épuiser les réseaux en ayant une forte demande de fichiers face à une offre de plus en plus faible. Deuxièmement monopoliser le marché de l’offre de téléchargement musical sur Internet en créant des portails gigantesques payants et uniques. Mais le consommateur est de plus en plus responsable et, comme tout commerce équitable, il achète de plus en plus en réfléchissant. Les actions des majors ne sont plus prises comme argent comptant. Et même si les media tendent toujours à vérifier un argument à force de le ressasser, les consommateurs de musique ne sont plus dupes. De plus en plus de consommateurs ont fait le choix de ne plus acheter des Cds de majors, et d’investir leurs deniers dans les produits indépendants bénéficiant d’une meilleure image à leurs yeux. Le téléchargement gratuit n’est pas une raison de la baisse des ventes des disques (au contraire l’étude Oberholzer/Strumpf prouve le contraire) mais une conséquence de la pauvreté de l’offre et de la cherté.
Edit : source www.cosmosonic.com