jadis
C’est l’histoire d’un temps ou la neige recouvrait les montagnes. A l’automne tout le petit peuple des vallées se préparait au long hivernage sous une épaisse couche de peuf déjà présente au début du mois de Noel,Décembre bourré de cadeaux et de tourmente. Ce temps est apparement révolu. La peuf n’est plus là qu’à titre d’échantillon à l’attention des générations incrédules. La bonne grosse neige poudreuse est ailleurs.
mémoire**
De toute évidence les seules traces indélébiles qui peuplent nos neurones sont celles que notre talent a marqué dans les pentes des jours de poudre. Vous en connaissez, vous, des surfers qui mémorisent des descentes sur une bonne neige damée bien conne à l’ombre des télésièges? Du plaisir, on ne garde que le paroxysme.
bobo**
Un bon gros méchant rateau sur la neige dure, ça ne s’oublie pas. C’est un bleu à montrer, une blessure d’un héroisme banal. La poudre prend tout. Bonne jusqu’à l’inconscience elle absorbe tout. Les bobos, les humeurs changeantes, les fautes de carres,le matos bizarre. Généreuse, magnanime. La Peuf. La seule.
techno**
Les surfs se sont longtemps allongés démesurément. C’était la course au gun; celle-ci a bien failli faire passer la barre des deux mètres à nos malheureux engins devenus fous. Rien ne va plus cet hiver, c’est l’inverse car les surfs racourcissent.Il est de bon ton de s’afficher au départ des grandes courbes avec des 1,55. Nous, finalement, on s’en fout, car dans la peuf, tout est bon. Les longs, les courts, les larges, les petits, les gros, Elle est profondément (!) démocratique. Toutes les formes et toutes les longueurs sont également capables d’imprimer les arabesques qui génèrent le plaisir que vous savez. Surfera-t-on avec des portes de placards, voire même avec des abribus???
biblique**
Au début des temps,la remontée n’existait pas. Puis vint l’époque des remontées dites « manuelles »(celle de Néanderthal collant de dépit une torgnole à Cro Magnon, pour le faire remonter dans son temps et refuser l’inéluctable: l’évolution).La seule piste(celle qu’empruntaient les grands troupeaux de mammouths) était impraticable. Seule solution pour l’homo surfens fêlé: la poudre, qui à l’époque pouvait recouvrir jusqu’à plus de la moitié des terres imergées…
piquets**
Bouffer des piquets, labourer les half pipes de sa truffe triste, racler les plaques de glace des slaloms géants d’une Wolrd Cup anecdotique. Que Nenni! En poudre la seule confrontation, le seul défi, c’est « tout droit »! Le premier qui freine est un lâche!
sécu**
gros dilemne chez les snobs (pour snowboarders bien zûrrr). Grosse question aussi. Sécurité ou pas sécurité? Combien de malléoles, tarses, tibias, genoux et autres parties anatomiques prêtes à lacher vont succomber cet hiver? En clair, à quand la vraie fixation de sécurité? Hein? Messieurs les industriels forts en tout et donneurs de leçons? Hein?
la peuf s’en fout: sa sécurité c’est la ouate!
agrrressif**
Les carres qui mordent la glace, cette lutte violente entre le métal et la neige réduite à son état le plus rude. La limaille parsème le terrain.C’est Beyrouth ouest contre Beyrouth est. C’est viril et ça sent la guerre. Taillez dans l’armure! Ma place de télésiège contre un gun affuté! La peuf s’en fout, la ouate c’est l’amour…
Mein surf? Ein trabant!!!**
C’est le surf de l’hiver, voire de la décennie. Construit derrière le rideau de fer, exclusivement destiné à la fuite vers la liberté et les grands espaces. Le surf Trabant? Le seul passeport pour la profonde!
Réservé? Pas réservé?**
Les grands surfeurs sont des indiens. Ils ont tissé avec la montagne, les combes, les crêtes, les couloirs et les à-pics, des liens d’une force et d’une pureté que rien ne peut entacher. Tous vénèrent notre mère la peuf. Loin des réserves intégrées de l’homme skieur. Les hordes de petits satans pollueurs.
source:magazine Wind Surf hors-série n°16 surf neige